Si tu as un rêve, vis le!

 C'est dur de traîner sa carcasse!

A la suite d'un séjours à ski dans le massif du Queyras, je rentre chez moi en stop.

Un homme de 68 ans, retraité, me prend en bord de route. Des skis de randonnées, encore plein de neige encombrent son coffre. La journée a été belle et la neige bonne. Je le questionne sur sa sortie.
Il vient de gravir l'Aupillon, un beau sommet de 2900m proche d'Embrun, qui exige une montée de plus de 1200m de dénivelés. Déjà une belle entreprise ! Lancé, il évoque ses dernières randonnées qui constituent un sérieux carnet de course.

Puis il ajoute : "c'est dur de traîner sa carcasse, de plus en plus dur !"
"Beaucoup aurait du mal à vous suivre ! J'en connais des plus jeunes qui marcheraient sur leur langue à cette cadence !", lui répondis-je.
"J'ai commencé trop tard !", regrette-t-il. "Le secret est de commencer jeune. Après, c'est trop difficile d'apprendre".

Une phrase commune que nous avons tous entendue plusieurs fois, sinon déjà citée ! Pourtant, cette fois, elle me fait un autre effet. Comme un problème que vous analysez sous un regard nouveau. Quelles sont les fondations de cette opinion qui courent dans les rues et concluent bon nombre de conversations ? "Oui, mais lui, tu comprends, c'est différent, il le fait depuis tout petit..."

Pourquoi apprenons-nous plus rapidement enfant qu'adulte?
Pourquoi, une fois l'enfance passée, les sourires se raréfient et la vie devient moins attrayante pour beaucoup d'hommes et de femmes?
 
Lorsque nous venons au monde, notre regard peut s'étendre à l'horizon et dans toutes les directions.
Notre curiosité est en quête de sensations : "Qu'est-ce que ça fait si j'essaie ça ? Et si je mange ça ? On m'a dit que c'est pas bon et que ça risque de faire mal. Mais à nos débuts, on n'apprend pas avec des "on a dit que" ! Essayez donc d'apprendre à nager, skier, faire du vélo avec un livre ! Il faut en faire soi-même l'expérience. Enfant, nous sommes prêts à tout expérimenter et imaginer : tout est possible.
 
Cette spontanéité de l'enfance nous fournit une immense capacité d'adaptation. Nos croyances sont des facteurs qui limite nos envies, nos rêves. Observer donc les enfants dans leurs jeux : quelle étonnante richesse de projet et d'imagination débordante d'énergie !
 
Les personnes qui réalisent leur désir profond, leur "rêves les plus fous", ont souvent, de notre point de vue, une vision de la vie et un comportement atypique. Pour beaucoup, il dérange, bien que leurs aventures nous attirent et attisent nos sens.
 
Après avoir fait connaissance d'un homme qui parcourt la terre et le ciel en pilotant une "mobylette volante", j'observais les réactions à son égard. Que de paroles j'ai entendues ! Pour certains, c'est un génie, pour d'autre un fou outrepassant les limites de l'imagination.
 
Rappelez-vous une personne qui vous est apparue incroyable d'inventivité et/où d'énergie, et souvenez-vous la façon dont elle avait de vous parler de ses projets et réalisations. N'avait-elle pas dans ses mots, ses expressions et intonations, l'élan et la curiosité de l'enfance ? 
 
Beaucoup de personnes deviennent "mono-tâche" et tellement de choses encouragent à faire de même : remplir une fonction, obtenir un statut, mesurer ses actions consciemment, penser à ses vieux jours... Petit à petit, on enterre ses velléités et particularités personnelles. Le regard, les sens perdent la curiosité qui les animaient vigoureusement jadis. Cela car nous savons presque parfaitement de quoi est fait notre lendemain : la vie devient monotone, programmée.
 
Combien de temps encore allez-vous repousser vos rêves, vos désirs, vos envies? Gardez cette frénésie de vie de l'enfance, cette joie de la curiosité et alors vous vous moquerez bien de ce numéro qui conditionne notre vie :
jusqu'à 19 ans l'insouciance,
à 20 ans la fleur de l'âge,
30 ans, on est pausé, tête sur les épaules
40 ans, ça commence à craindre, premier cheveux blanc,
50 ans, ça craint carrément, un demi siècle
60 ans, exclu de la vie sociale (quoique on est en bonne voie pour la rallonger!)
70 ans, la vie est derrière nous
80 ans, on en parle même plus, complétement gâteux
La suite fait que, curieusement, tout le monde choisit d'aller vers la même fin!  Mais ça, c'est une autre aventure!


A n'importe quel moment de votre vie, empoignez vos rêves et donnez vous les moyens de vivre vos aventures!




Vivre la montagne permet de jouir de nos capacités d'adaptations, d'affuter nos sens, d'être certain de ne jamais être sûr, de briser ses limites et croyances personnelles. Tout cela car la montagne, comme d'autres milieux, c'est de l'incertitude.